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Les Discours de Cheickh Tariq Jamil
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3 mai 2008

Le groupe Tabligh

Le tabligh est un mouvement de da’wa ( appel, prosélytisme) et de réforme créé en Inde vers 1900 par cheikh Mohamed Ilyas Al-Kandahlaoui. Né en 1880 d’une famille d’intellectuels dans un village nommé Kandahla en Inde, cheikh Mohamed Ilyas apprit le Coran à l’âge de 10 ans puis les Hadiths et le Figh. Il s’est distingué dès son jeune âge par son attachement à Allah et à la pratique de l’ascétisme (Zuhd).

Il y avait dans la famille un institut de formation islamique. Cheikh Mohamed ILYAS s’est aperçu que l’école n’a que peu d’effets sur la société du fait qu’elle ne forme que les jeunes alors que ce sont les adultes qui ont besoin d’éducation. Il voulait trouver une méthode semblable à celle du Prophète (psl) pour changer la société. Il parvient à cette idée de Tabligh qui consiste à transmettre aux adultes l’appel de l’Islam.

Ainsi a été fondé le groupe du Tabligh ayant pour but d’enseigner les vertus de l’Islam en exigeant de chacun de ses membres de sacrifier une partie de son temps pour faire la da’wa loin des structures partisanes et des préoccupations politiques.

3.10.1 Principes, activités et objectifs du mouvement

Le fondateur a décidé d’asseoir son mouvement sur six principes :

1. La profession de foi : Il n’y a de Dieu qu’Allah ; Mohamed est le Messager d’Allah. Cela signifie que nul n’est digne d’adoration en dehors d’Allah. Ce qui implique que la certitude et la confiance doivent être placées uniquement en Allah à l’exclusion des choses et des créatures. Nous devons avoir la certitude que Mohamed est son Messager qui a transmis Sa Parole et tracé, balisé Son sentier et dont l’obéissance est une condition de la foi et de l’obéissance à Allah.

2. La prière

3. La science et l’évocation d’Allah (dhikr) : le but de la science est de parvenir à adorer Allah en toute situation et en connaissance de cause. La science comporte deux éléments : les vertus pour motiver et les questions du fiqh ou questions juridiques pour pratiquer. Le but du dhikr est de parvenir à la quiétude de l’âme en y faisant pénétrer la grandeur d’Allah. Le dhikr minimum recommandé est de réciter cent fois la formule ; “Sobhan Allah, Wal-hamdou lillah, wa la ilaha illa Allah, wa Allahou akbar, wa la hawla wa la qowata illa billah” cent fois la prière sur le prophète, cent demandes de pardon et un hizb de Coran1, matin et soir.

4. Le respect des musulmans : il faut aimer et honorer les musulmans à cause du fait qu’ils disent : “la ilaha illa Allah”.

5. La sincérité : les actions doivent être vouées exclusivement à Allah pour qu’elles soient acceptées.

6. Appeler à Allah et sortir pour la cause d’Allah. Les sorties permettent de faire revivre l’effort du prophète (psl), de propager la religion, outre le fait qu’elles contribuent à l’éducation du membre.

3.10.1.1 La sortie est la cheville ouvrière du mouvement Tabligh.

La sortie consiste à quitter sa résidence habituelle pour se rendre dans un lieu déterminé, une agglomération en vue de prêcher l’Islam et d’appeler à la voie d’Allah conformément à un programme préétabli. Un groupe de volontaires se dévoue pour faire la sortie dans la voie d’Allah. Ils prennent leurs bagages, généralement quelques habits simples, des provisions et le nécessaire pour le couchage ou une simple couverture, et ils se dirigent vers une ville ou un village pour faire la da’wa. Arrivés au lieu de destination, ils se répartissent les tâches. Certains s’occupent de l’entretien du lieu de séjour, du repas, d’autres font la tournée au quartier pour inviter les gens à assister au sermon ou communiqué (al-bayane).

Après l’écoute du sermon, on répartit l’auditoire en groupes ; chaque prédicateur s’occupe d’un groupe pour apprendre à ses membres les ablutions, la fatiha (chapitre fondamental du Coran), la prière, répondre éventuellement à leurs questions. Parfois, ce travail peut durer plusieurs jours puis avant la fin de leur séjour sur ce lieu, ils recrutent d’autres volontaires pour les accompagner, un jour, trois jours, une semaine ou un mois, dans d’autres sorties.

En principe, ils refusent les invitations aux repas afin que leur action soit vouée exclusivement à Allah et que rien ne les préoccupe en dehors du dhikr et de la da’wa.

Ils ne s’occupent pas de la politique, s’interdisent de s’en mêler et critiquent ceux qui font de la politique. Ils ne s’occupent pas non plus de l’interdiction du blâmable, estimant que cela constitue une entrave à la bonne marche de la da’wa. Ils considèrent que dans une première étape, il faut créer un cadre de vie islamique, en donnant la priorité à la foi et à la vertu, évitant tout ce qui peut repousser ou éloigner les gens de ‘‘notre appel’’. Ils pensent que le mal disparaîtra de lui-même s’ils parviennent à réformer les individus un à un.

3.10.1.2 Le mouvement utilise en guise de principe sacré, le chiffre quatre comme procédé de repérage dans l’organisation de ses activités.

Il ramène à quatre actions l’effort du Prophète (p), à savoir : le prêche, la science, l’adoration, le travail. Or, les sorties pour la cause d’Allah, les activités dans la mosquée et la maison doivent couvrir ces quatre actions. « Si on sort de ces quatre actions, on sort de la Sunna du Prophète (p) et on se retrouve dans ce qu’il ne fallait pas faire ». Ces quatre actions doivent occuper tout le temps des membres du Tabligh. Ensuite chacune des quatre actions comporte quatre parties :

1 - Le prêche se divise en quatre parties :

a) collectif : c’est-à-dire les discours dans la mosquée b) individuel : chacun saisit individuellement toute occasion de prêcher c) public : il s’agit de la tournée publique (Jawla) effectuée après la prière du Asr d) privé : contacts et visites privés effectués par les membres du Tabligh.

2 - L’apprentissage collectif se divise en quatre.

Le Coran, les hadiths, les qualités des compagnons et les principes de la sortie. L’apprentissage individuel n’est pas limité quoiqu’on le situe dans le cadre des sciences de la religion.

3 - Les adorations se divisent en quatre : la prière, le Coran, l’évocation (dhikr) et l’invocation (dou’a).

4 - La prière se divise en quatre : les prières obligatoires, les prières de rattrapage, les sunna et les nafila.

5 - Le travail se divise en quatre : le service du groupe qui consiste en la cuisine quotidienne, et qui peut comporter d’autres tâches dans les centres ou les réunions ; le service de l’Emir qui consiste à lui obéir ; le service de la mosquée qui consiste à la garder propre et rangée ; le service de soi-même qui implique l’entretien de son corps et de ses habits. a ) Quatre choses à diminuer pour profiter au maximum des quatre actions : la nourriture, le sommeil, la discussion sur ce bas monde, la sortie de la mosquée sauf pour la nécessité. b) Quatre choses à éviter : le gaspillage, la convoitise des choses des autres, la demande des choses des autres, l’utilisation sans permission ou improprement des choses des autres. c) Quatre choses à délaisser : les maladies de la société, la politique, les divergences, la dispute. Ces questions ne doivent pas être abordées ni dans le discours ni dans les discussions durant la sortie, et ce conformément au Hadith : « il est des qualités du bon musulman d’abandonner ce qui ne le regarde pas ». d) Quatre choses à observer : l’obéissance à l’Emir, le respect des mosquées, la patience et l’endurance, la prière de nuit.

3.10.1.3 Organisation du mouvement

Le mouvement obéit à une organisation pyramidale mondiale comprenant la planète ou le monde, les continents ou sous-continents, les pays, les régions, les villes ou zones, les mosquées. Au sommet, on trouve l’Emir du monde qui a son siège en Inde. Il s’agit d’une personnalité de la famille du fondateur, désigné à vie par le conseil de la Choura, sur cooptation de l’ancien Emir. A l’étage immédiatement inférieur, on trouve les groupes continentaux ou sous continentaux formés sur la base de critères à la fois culturels et géographiques. Par exemple, l’Europe occidentale forme une unité culturelle avec le Maghreb, alors que la Turquie n’est pas rattachée à cet ensemble.

Ensuite, les Emirs au niveau de chaque pays, chaque région et chaque ville désignés par des assemblées dirigeantes rotatives : cinq personnes environ désignent un Emir tournant. L’Emirat fonctionne sur la base de l’alternance. Ces assemblées exercent au sein des centres nationaux, régionaux et locaux appelés Markaz où des réunions publiques se tiennent chaque année.

3.10.1.4 Evaluation des acquis et des insuffisances

3.10.1.4.1 Mérites

1 - En matière d’éducation, le mouvement a engrangé des résultats positifs. Le Tabligh a été une école de formation qui a appris à des multitudes de jeunes musulmans non seulement la piété, la vertu et la morale islamique mais aussi et surtout l’esprit de dévouement et de sacrifice pour la cause d’Allah.

2 - Le mouvement Tabligh a opéré la délivrance d’une multitude de drogués et d’alcooliques. Allah les a sauvés grâce à l’appel du groupe Tabligh et ils sont devenus de bons musulmans et de bons chefs de famille.

3 - Le Tabligh a eu un impact positif en Occident. Il existe d’innombrables conversions en Europe et aux Etats-Unis occasionnées par l’appel du Tabligh. Il est un contrepoids nécessaire aux activités missionnaires gigantesques, même s’il n’a ni l’ampleur ni la puissance de celles-ci.

3.10.1.4.2 Critiques
1. On reproche au mouvement d’évoluer en quantité et non en qualité.

2. D’appliquer une partie de l’islam et d’abandonner l’autre partie, ce qui est contraire à l’unité de l’islam et à son intégrité.

3. De fuir leur responsabilité et de s’écarter de la Sunna en esquivant les affaires politiques.

4. On lui reproche ses affinités avec les confréries soufies en ce sens qu’ils exagèrent l’amour et la vénération des Cheikhs.

En tout état de cause, le mouvement est conscient de certaines défaillances ; il tente de se corriger sur un certain nombre de points, comme il l’a fait depuis sa création. A propos de son caractère apolitique, il convient d’observer qu’on peut admettre une telle attitude en tant que spécialisation dans le cadre d’une répartition des tâches, autrement dit une division de travail entre les différents mouvements islamiques. Etant donné qu’un seul mouvement ne peut pas répondre à tous les impératifs de l’Islam. D’autre part, ce comportement peut participer d’une stratégie conforme à la volonté de Dieu, dans la mesure où, si le mouvement faisait de la politique, il n’aurait pas pu réaliser une telle avancée sur le terrain de la da’wa.

Il ne faut pas oublier que l’action politique ne se limite pas à la contestation ou à l’exercice du pouvoir, il y a mille et une façon de faire de la politique.

L’appel à l’islam est en soi une action politique.

Le fait de soustraire des gens à l’emprise de l’alcool et de la drogue, de les sauver de l’égarement, de les arracher à une société de consommation au profit d’une société austère, équilibrée, est le comble de la politique.

Quoi qu’on dise, le Tabligh est une bonne école de formation tant pratique que théorique pour les musulmans. C’est pourquoi les jeunes musulmans gagneraient beaucoup à y effectuer un stage de quelques sorties au moins une fois dans la vie. Sauf qu’ils ne doivent pas tenir compte des enseignements du mouvement concernant la non-interdiction du blâmable. Il s’agit d’une obligation d’origine coranique à laquelle on ne peut faillir.

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