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Les Discours de Cheickh Tariq Jamil
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5 mai 2008

Méthodologie... Fondement...

J'ai évoqué dans un     précédent texte le fait que les sorties     (appelées communément "Khouroûdj") qui sont organisées dans le cadre du     "Tabligh" ne peuvent être qualifiées d'innovations religieuses et de     "Bid'ah". (Rappelons que la terminologie islamique,     toute pratique nouvelle (c'est à dire inventée après le Prophète Mouhammad     (sallallâhou alayhi wa sallam) et l'époque des Compagnons (radhia allâhou     anhoum)), qui ne trouve aucune justification ou fondement explicite ou     implicite, ni dans le Qour'aane, ni dans les Hadiths et qui est faite (ou     délaissée) en étant considérée comme faisant partie de la religion     est appelée "Bid'ah" (innovation blâmable). Pour plus de     renseignements concernant la notion de "Bid'ah", voir l'article suivant:     "Bid'ah ?... ou Sounnah Hasanah ?...")
En fait, ces sorties ("Khouroûdj") auraient pu être     considérées comme étant des innovations religieuses si on les assimilait     à des prescriptions religieuses. Mais ce n'est pas le cas... Donc, le     "Khouroûdj", comme rappelé précédemment, n'est ni plus ni moins qu'une     méthode nouvelle de "Dawa'h" et de "Tabligh" qui se base sur des     principes qui étaient déjà appliqués à l'époque de la Révélation...
 

 

Il est donc indispensable de bien comprendre la nuance qui     existe entre la forme d'une méthode et son fondement...     C'est ce que l'on va essayer de développer dans les lignes     suivantes Incha Allah.

 

Aux premiers temps de l'Islam, il n'existait pas     d'universités islamiques avec des branches de spécification comme il en     existe actuellement. De même, beaucoup de sciences     religieuses enseignées actuellement ne sont apparues et ont été élaborées     bien après le départ des Compagnons (radhia Allahou anhoum) de ce monde     ("'Ilm oul Ridjâl" (science qui a pour objet     l'étude méticuleuse de la biographie des narrateurs de Hadiths afin     d'évaluer leur degré de fiabilité) par exemple).     On pourrait ainsi citer de nombreuses choses qui n'existaient pas au tout     début de l'Islam et qui ne sont apparues que bien plus tard     (l'utilisation de l'Internet pour la propagation de l'Islam en fait     également partie). Pourtant, personne ne considère ces choses comme     étant des "Bid'ahs", pour la simple et bonne raison que, même si, dans     leur forme, ces méthodes sont relativement nouvelles et diffèrent de ce qui     se faisait à l'époque de la Révélation, au fond, cependant, le     principe sur lequel elles reposent reste le même que ce qui existait alors.     (Les universités islamiques actuelles tirent par exemple leur légitimité     des "Ashâbous souffah" (nom donné aux     Compagnons (radhia Allâhou anhoum) qui passaient des journées entières à     approfondir leurs connaissances religieuses dans un endroit situé près de la     maison du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)...)

 

Pour ce qui est du "Khouroûdj", il repose     sur les principes suivants:

 

     

  • Les voyages et sorties effectuées par le Prophète       (sallallahou alayhi wa sallam) et les Compagnons (radhia Allahou anhou)       pour le "I'lâ kalimatillah" (faire dominer la Parole d'Allah).
  •  

 

 

 

     

  • Les multiples rondes effectuées par le Prophète       (sallallahou alayhi wa sallam) lors de la période mecquoise parmi les       Qouraïchites, afin de les inviter vers la parole d'Allah.
  •  

 

 

 

     

  • L'obligation qui incombe à chaque musulman de       recommander le bien et de condamner le blâmable, sous quelque forme qui       soit.
  •  

 

 

 

     

  • L'importance du rappel mutuel, entre les frères       musulmans, de la Grandeur et de la Puissance d'Allah, en toute situation.       
  •  

 

 

 

     

  • Les vertus citées par le Prophète Mouhammad       (sallallâhou alayhi wa sallam) au sujet de celui qui voyage dans le but       d'acquérir la science religieuse.
  •  

 

C'est en respect de ces principes que     cette méthodologie actuelle du "Khouroudj" a été élaborée, méthodologie qui,     rappelons-le à nouveau,  ne constitue nullement une prescription religieuse     qu'il est nécessaire de respecter et n'est en aucune façon la finalité     recherchée. Les objectifs finaux restent les principes sus - cités.

 

On pourrait mieux clarifier encore ce     point en revenant vers l'exemple de l'université islamique. Dans     l'enseignement islamique, il y a deux aspects:

 

     

  • Il y a tout d'abord l'enseignement.
  •  

  • Ensuite, il y a l'organisation administrative, c'est à       dire la durée de l'année scolaire, de la semaine de travail, des horaires       de cours quotidiens, des périodes des examens, etc...
  •  

 

Si le principe d'enseignement était présent à l'époque du     Prophète (sallallahou alayhi wa sallam) et des Sahâbas (radhia Allahou     anhoum) , la méthodologie, elle, n'existait pas dans sa forme actuelle. Mais     comme il ne s'agit que de mesures purement administratives, qui ne sont pas     considérées comme mandatées par la religion, dans ce cas, on ne peut pas     parler de "Bida'h". Il ne viendrait à l'esprit de personne de chercher     des arguments et des "dalils" (preuves) dans le Qour'aane et les Hadiths     pour les horaires d'entrée et de sortie des cours, la durée de l'année     scolaire, le choix des périodes de vacances etc.....

 

Pour le "Khouroûdj", il s'agit de la même chose: Il y a     d'un côté le principe qui régit ce travail, et il y a les mesures     administratives.

 

     

  • Les principes de "Da'wah" (invitation vers l'Islam),       "Taqwiyat oul Imân" (fortification et raffermissement de la foi),       "Al djouhd li dînillâh" (effort pour la cause religieuse) et le       "Amr bil Ma'rouf wa Nahi anil Mounkar" (recommander le convenable et       déconseiller le blâmable) étaient présents à l'époque du Prophète       (sallallahou alayhi wa sallam) et des Compagnons (radhia Allahou anhoum).
  •  

 

 

 

     

  • Par contre, la forme (sortir 40 jours, 3 jours...)       n'est qu'une méthode administrative, qui ne doit pas être considérée comme       mandatée par la religion. Il n'est donc pas possible de parler ici aussi       de "Bid'ah". Par contre, si quelqu'un considère la période de sortie       comme une prescription religieuse ou une "'Ibâdah", dans ce cas, pour lui,       le "khouroûdj" devient effectivement une "Bid'ah".
  •  

 

Wa Allâhou A'lam !

 

Et Dieu est Plus Savant !

 

 

 


 

Les conditions dans lesquelles la méthode     actuelle du "Tabligh" a vu le jour...

 

La situation qui prévalait aux Indes au début     du siècle, lorsque le mouvement du "Tabligh" est apparu était la suivante...     La communauté musulmane était divisée en deux grands groupes:

 

- Il y avait d'un côté les savants et ceux     qui allaient faire des études: ils étaient très nombreux, mais restaient     confinés dans leurs universités et dans leurs villages d'origine.

 

- Face à eux, il y avait la masse:     principalement composée (en fonction des différents états de l'Inde)     de paysans, d'agriculteurs ou de commerçants, qui, pour la plupart ne     connaissaient pratiquement rien de la pratique religieuse. Il est vrai que,     suivant la logique qui consiste à dire que c'est de la responsabilité de     celui qui a soif que d'aller chercher de l'eau à la source, il était donc du     devoir de ces gens d'aller apprendre leur religion auprès des savants...     Mais le problème, c'est que ces gens étaient spirituellement si malades     qu'ils n'avaient même plus soifs... Il fallait donc agir en     profondeur pour créer en eux la soif de la religion: C'est dans cet optique     (entre autres) que l'effort du "Khouroûdj fi sabilillâh" (sortir     dans le chemin d'Allah) a été initié, et qui consistait justement à     aller rappeler, de villages en villages, de contrées en contrées, aux     musulmans et aux musulmanes les notions fondamentales de l'Islam, mais aussi     les vertus qui sont liées aux pratiques de l'Islam, afin que cela leur donne     envie d'en savoir plus et qu'ils aillent ainsi acquérir la science     religieuse nécessaire auprès des savants... Comme la situation actuelle de     notre communauté à travers le monde n'est pas bien différente de ce qui     prévalait en Inde alors, c'est ce qui explique pourquoi le "Khouroûdj" se     fait maintenant de façon active à une échelle internationale...

 

 

 

Wa Allâhou A'lam !

 

Et Dieu est Plus Savant !

 

 

 


 

Que se passe-t-il lors d'une sortie pour     le "Tabligh"...

 

Au cours des sorties organisées dans le cadre du "Tabligh"     (sorties qui, je tiens à le préciser, demandent quand même des sacrifices     relativement importants... Ce n'est en effet pas chose aisée que     d'abandonner tout le confort et l'aisance de notre foyer pendant quelques     jours pour rester dans l'environnement de la Maison d'Allah, la Masdjid),     les frères s'efforcent d'évoquer, au travers de discours simples et des     rappels, la Grandeur et la Puissance d'Allah, mais également la nécessité     pour chaque musulman de s'efforcer de suivre le modèle par excellence,     Mouhammad Ibné Abdillâh (sallallâhou alayhi wa sallam), en s'inspirant des     nobles qualités qui embellissaient les Compagnons (radhia Allâhou anhoum) du     Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam).

 

L'un des avantages qu'apportent ces sorties tient dans le     fait que celles-ci représentent en quelque sorte une mini-retraite     spirituelle, l'occasion pour beaucoup de ceux qui y prennent part de pouvoir     pratiquer, de façon continue et assidue, des actes qui sont souvent négligés     dans la vie de tous les jours (prière de la nuit, différentes prières     " Nafl " durant la journée, récitation du Qour'aane, " Dhikr "...).     Cette " rupture " temporaire avec l'environnement quotidien peut également     être l'occasion de prendre le temps de méditer et d'œuvrer afin de renforcer     sa foi. Quand on sait que Houzaïfa (radhia Allahou anhou), le célèbre     Compagnon du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), appelait parfois les     autres Compagnons (radhia Allâhou anhoum) et les invitait à s'asseoir pour     parler d'Allah afin de revivifier leur foi, et ce, quelques temps seulement     après le départ du Messager d'Allah de ce monde, on est en droit de se     demander ce qu'il en est de notre besoin à nous de revivifier notre foi...     nous, musulmans de cette fin de 20ème siècle...

 

Participer à ce genre de sorties peut également être     l'occasion de prendre conscience de nos manquements... L'une de nos     responsabilités essentielles en tant que musulman n'est elle pas de     recommander le bien et de lutter contre le mal ? Ne devrions-nous pas nous     poser sincèrement la question de savoir ce l'on fait, concrètement,     pour contribuer à l'amélioration de la pratique religieuse, en commençant     par la Salât, au sein de la " Oummah " ?

 

Comment ne pas être interpellé au plus profond de son âme     quand on entend des frères du " Tabligh " qui sont allés récemment pour le     " Khouroûdj " en Nouvelle Calédonie et qui rapportent que la majorité des     émigrés musulmans qui y résident depuis plusieurs décennies ont abandonné     l'Islam et ne gardent comme seule trace de leur ancienne religion que leur     prénom ?... Pourquoi ? Parce que, selon leur propre aveu, durant tout ce     temps, ils n'ont eu la visite d'aucun musulman... Par contre, les     missionnaires des autres religions n'ont cessé de se succéder auprès     d'eux...

 

Comment rester insensible quand on apprend que des frères     du "Tabligh" sont allés visiter, durant cette période de " Khouroûdj " en     Nouvelle-Calédonie, un vieillard, qui, au cours de leur visite a prié à     leurs côtés, et après avoir complété la Salât, s'est adressé aux frères en     pleurant et en disant : " Cela fait plus de     soixante ans que je n'avais pas fait la Salât ! " (Je     précise que ce ne sont pas là des histoires fictives... J'ai en ma     possession le témoignage écrit d'un des frères qui a pris part à ce     " Khouroûdj " et qui relate cette scène dont il a été lui-même témoin.)

 


    Maintenant, il est vrai que, personne n'étant infaillible à part les     Prophètes et Messagers d'Allah (alayhimous salâm), il est évident que les     frères qui prennent part au "Tabligh" peuvent parfois commettre des erreurs     (comme chacun(e) d'entre nous)... Mais quand on est confronté à ce     genre d'erreurs, ayons au moins la présence d'esprit de condamner les excès     ou manquements des personnes et des individus, et non pas l'œuvre du     "Tabligh" en elle même.

 


    Pour conclure, je reproduirai ci-dessous un extrait d'une lettre que j'avais     écrite à un frère au sujet du " Tabligh " :

 

En théorie, il est vrai que si chacun s'occupait de     propager le message de l'Islam autour de lui, le "Khouroudj" ne serait     d'aucune utilité. Mais entre cette théorie et la réalité tragique de la     situation dans laquelle se trouve la "Oummah" (communauté du Prophète     Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), il y a malheureusement un     fossé énorme. Il est vrai qu'on n'a pas besoin d'aller très loin pour se     rendre compte de la détresse de la "Oummah"...

 

Pourtant, comment peut-on oublier ces frères qui existent     dans le monde, et qui ne connaissent de l'Islam que la profession de foi, ou     leur prénom ? Justement, avec tous ces moyens de transports et de     communications dont nous disposons actuellement et qui font que les limites     du monde se sont tellement rétrécis et rapprochés de nous, ne sommes-nous     pas quelque part responsables de rappeler à ces frères ce que le Prophète     (sallallahou alayhi wa sallam) est venu apporter à l'Humanité.

 

Imaginez un instant que tous ceux qui ont la chance de     pouvoir profiter d'un environnement adéquat pour leur épanouissement     religieux se mettent à ignorer les autres musulmans au monde qui n'ont pas     cette opportunité; quel sera le résultat ? On risque fort de se retrouver     avec une véritable fracture dans la "Oummah". N'est-ce pas là une forme     d'égoïsme et d'autosatisfaction ?

 

Je suis de ceux qui soutiennent, dans la mesure du     possible, la répartition des tâches et des devoirs. Tous ceux qui œuvrent     dans la bonne direction (en suivant bien sûr la Voie de la rectitude)     doivent être encouragés.

 

Pour ce qui est du problème du manque de formation en     sciences religieuses des frères du Tabligh     (critique qui revient très souvent de la part de ceux qui dénigrent le     "Tabligh"), sachez que ces musulmans qui ne     savent de l'Islam que la profession de foi n'ont pas besoin d'une personne     graduée et diplômée en science religieuse pour leur rappeler les fondements     de l'Islam. On doit propager du Prophète (sallallahou alayhi wa sallam)     le peu que l'on sait; si la propagation de l'Islam n'était réservée qu'à une     élite, cela remettrait en question l'universalité du message de l'Islam.     Bien sûr, cela ne signifie pas que l'on doit aborder des questions que l'on     ne maîtrise pas; cela signifie que l'on doit partager le peu que l'on sait.     Celui qui ne sait faire correctement que le "Woudhou" (ablutions) a déjà     quelque chose à partager avec celui qui ne sait pas le faire. Pensez-vous     que pour pouvoir enseigner à un frère comment prier, on est obligé de     posséder une science étendue ?

 

Wa Allâhou A'lam !

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